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Vue Générale du Mas du Mir

LE MAS DU MIR / lieu-dit LÔ MIR 66230 PRATS DE MOLLO
(contact René-Marc : 06 12 43 73 54)

Par René-Marc BINI, pianiste, compositeur de musiques de films, devenu ‘chef de chantier’ et Linda, webmaster, infographiste, à la tête des Crinières du Mir, élevage de chevaux de race camargue.

 

LE CHANTIER PARTICIPATIF ÉTÉ 2023 : ‘isolation’ par l’extérieur d’une ancienne grange en béton de chanvre banché

La bâtisse est une ancienne grange de plus de 100 m2 au sol, dont le gros oeuvre vient d’être refait. Il s’agit de procéder en deux étapes successives :

  • l’isoler par l’extérieur, en l’entourant d’une couche de 15 ou 20 cm de béton de chanvre, constitué de chaux aérienne, sable de ponce, chènevotte (chanvre) et plâtre brut. Ce mélange sera préparé dans un grand malaxeur, et déversé puis tassé dans un coffrage dont le contreplaqué extérieur sera déplacé vers le haut au fur et à mesure qu’on peut démouler. Cela représente un grand volume de matériaux. C’est donc un travail très intéressant pour ce qui concerne la matière, mais long en mise en oeuvre.
  • barder l’ensemble avec des planches de châtaignier horizontales, qui seront brutes sur les flancs, à déligner sur un des côtés avant la pose. Elles reposeront sur des liteaux verticaux fixés après pose d’un pare-pluie sur le béton de chanvre.

Nous suivrons le procédé Canosmose, créé par Yves Kühn, qui nous a initiés lors des travaux effectués à notre arrivée. Le travail en équipe sera une forme d’hommage à Yves et à tous les stages d’initiation qu’il organisait pour transmettre sans cesse cet héritage de techniques très anciennes qu’il avait remises au goût du jour.

 

La bâtisse à enrober !
La grange à 'enrober'

 

LES DATES DU CHANTIER

SEMAINES 1 & 2, du 17 au 29 juillet : fabrication et dépose du béton de chanvre
SEMAINE 3, du 31 juillet au 5 aout : préparation pour le bardage
SEMAINE 4, du 7 au 12 aout : pose du bardage

MODE DE FONCTIONNEMENT DU CHANTIER

  • Venir pour une semaine entière, ou plusieurs semaines entières
  • Hébergement : 2 personnes en yourte possible, les autres personnes en tente (fournies ou mieux, apportées)
    Repas végétaliens offerts
    Tout cela grâce à la bienveillance active de Valia, infirmière et naturopathe hygiéniste.
  • Toilettes sèches près de la yourte
  • Équipements de protection individuelle : des masques, gants et lunettes seront disponibles sur place
    Penser impérativement à apporter :
    Des chaussures solides et fermées (chaux aérienne assez corrosive)
    Des vêtements de travaux
    Un chapeau et une protection contre les UV
    Lampe frontale (mieux que le téléphone 🙂 )
  • Cadence type (c’est pas l’armée hein, mais pour info)
    8h Petit dej / 9 h Chantier / 13 h Pause Déjeuner / 14 h 30 Reprise / 18 h Fin approximative / 20 h Repas
  • Animaux : vous l’avez compris : on kiffe les bestioles !
    Mais ne venez pas avec les vôtres, c’est malheureusement trop compliqué à gérer quand on est absorbés par le travail…
     

NOTRE HISTOIRE AU MIR DEPUIS 2005

L’acquisition du Mir

En 2005 nous, Linda et moi, avons acheté le Mas du Mir, ferme datant probablement d’avant le 13eme siècle. Rien n’y était habitable, nous avons décidé de retaper en un premier lieu une ancienne étable/paillère pour y habiter à l’automne. Ce fut une plongée dans l’univers des travaux d’envergure, où absolument tout était à édifier, nous ne gardions que les murs de pierre.

Nos connaissances étaient très limitées. Nous avions certes une attirance spontanée pour les matériaux dits écologiques, et pendant une année j’avais lu beaucoup d’articles et de témoignages, essentiellement via la revue La Maison Écologique. Mais, littéralement aux pieds du mur, la mise en oeuvre de ces envies nous était inconnue. Manquait l’essentiel : l’initiation.

Début de chantier

10 Mars 2005, arrivée sur les lieux avec 3 acolytes, un vieux Renault Master, une tronco et quelques fourches et pelles, pour la ‘démolition’ : il tombe 20 cm de neige dans la journée ! Nous avançons péniblement, et surtout lentement. Pour la toiture, dans l’urgence, nous décidons, tant pis, de faire faire la toiture par une entreprise familiale espagnole (euh pardon catalane du sud) et donc poutrelles en béton armé, hourdis et cie, et de faire poser des tuiles maçonnées au ciment. Pas taper !

Nous commandons tous les matériaux, il seront livrés le lundi de la semaine suivante. En fin de semaine, je vais dans les Cévennes, où la maison des parents abrite mon studio de fortune où je continue alternativement à exercer mon métier, travailler sur des musiques de films.

J’y revois mon ami Patrick Ithier, menuisier du Vigan (et aussi musicien) et lui raconte tout ça. Il me dit “est-ce que tu as essayé de contacter Yves Kühn ?”. J’avais entendu parler de lui, mais n’avais pas trouvé ses coordonnées. “Mais j’ai son portable !”. J’appelle Yves, il décroche, m’explique qu’il a un atelier du côté d’Avignon et me dit “mais venez !”.

La rencontre de Yves KÜHN

Avec un des acolytes, nous passons le samedi après midi dans l’atelier d’Yves, qui nous reçoit avec enthousiasme. Il nous explique, et surtout nous montre des poubelles pleines d’enduit chaux  aérienne/chènevotte/ponce, prêt à l’emploi puisqu’une simple pellicule d’eau suffit à le conserver. Nous l’essayons à la truelle sur des surfaces prévues à cet effet. Yves nous communique la ‘logique’ de toute cette démarche, qu’il semble maîtriser comme personne. Et tout bascule.

J’appelle Linda et lui dit “on va faire une grosse connerie”. Rentré au Mir, j’attends avec anxiété le lundi matin, appelle le marchand à 7 h pour tout annuler. “pas de problème !”. Ouf.

C’est donc parti. Canosmose entre dans nos vies. Pour notre plus grand plaisir. Et bénéfice !

Récit du chantier CANOSMOSE de 2005

Pendant 3 ou 4 mois, nous allons travailler avec des matériaux que nous allons peu à peu apprendre à connaitre. Essentiellement :

      • la chaux aérienne (en l’occurrence de la fleur de chaux Arkessens, la marque créée part Yves ),
      • du chènevotte (chanvre en paillettes),
      • de la ponce (différentes granulométries de sable, et aussi en morceaux pour les dalles chaux hydraulique)

Et aussi

      • du ‘plâtre gros’ (brut, sans adjuvants), pour le béton de chanvre (dalles sur caves, toitures, cloisons ossature bois)
      • de la chaux hydraulique NHL2, de marque Boehm (pour les dalles de caves, et certains murs de caves)

Ces matières se mélangent dans un malaxeur de 500l, aménagé à cet effet. On a de la chance : il y avait du triphasé au Mir !

Matériaux géniaux, pas plus chers que les ‘cochonneries’ (surtout aux prix pratiqués par Yves et ses associations Helioscan ou Adam, quasiment pas de marge), mais beaucoup de temps de mise en oeuvre, et de longs temps de séchage.

Yves organise des formations, il fait venir des groupes sur ses chantiers, où il n’est pas toujours présent. Par chance, à l’époque,  il traverse une période où il a besoin de travailler de ses mains : on va avoir la chance de l’avoir sur place. C’est inestimable, car la préparation des mélanges est assez pointue, et la mise en oeuvre aussi. Il guide tout le monde. On a au Mir des troupeaux de stagiaires, jusqu’à une quinzaine de personnes, d’horizons et de profils différents. Il y a de tout, y compris des marginalisés par la société ou par eux-mêmes… Bref un programme copieux !

Un jour il nous dit, en substance: “vous avez maintenant bien ressenti les matériaux (c’est à dire compris ndlr) Vous n’avez plus besoin de moi.” Évidemment c’était faux, mais il est vrai qu’on pouvait continuer désormais sans lui. Et pourquoi pas, transmettre à notre tour.

 

Hommage, ou plutôt Clin d’Oeil

Nous sommes restés amis par la suite, je l’avais parfois au téléphone, pour lui demander des conseils ou juste par amitié. Je lui envoyais mes nouveaux CD. Il avait réussi avec nous ce qui était l’essence de sa nature profonde : transmettre. Son ‘savoir’ certes, mais surtout son envie, son enthousiasme, sa ‘sève’ comme il aimait à dire.

Il est parti en 2012. J’avoue que ça m’a étonné. Il paraissait en grande forme physique. Ah oui, j’ai oublié de vous dire : il avait été grand danseur, danseur étoile chez Béjart. Rien que ça. Une personne atypique, vraiment. Comme on les aime. Les seules qui vous font avancer. Vivre.

Hommage, il n’aurait pas aimé le terme. Alors on va dire Clin d’Oeil, affectueux.

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